Édito de l’Évêque – juillet-août 2024

1, Juil 2024

Foi eucharistique et charité fraternelle- Édito paru dans la revue Notre Eglise n°160

Les vacances d’été approchent et la « visite fraternelle » de Mgr Hérouard dans notre diocèse s’achèvera à la fin de la première semaine de juillet. A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore rencontré le visiteur, mais je suis dans la paix, car « tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8, 28). Grâce à la prière et aux témoignages d’amitié que je reçois de toute part, le Seigneur me donne la grâce de vivre cette étape de mon ministère épiscopal sans aucun ressentiment et dans l’abandon à la volonté du Seigneur, sans être démobilisé pour autant dans ma mission ; et je remercie tous ceux, clercs et laïcs, qui collaborent fidèlement et efficacement à mon ministère épiscopal. C’est le Seigneur qui conduit l’histoire : à nous seulement revient de faire la vérité dans la charité !

La solennité de la Fête-Dieu, qui reste dans le Pays basque le lieu de processions traditionnelles dans les villages, avec une forte participation des jeunes des comités des fêtes, voit aussi refleurir dans de nombreuses paroisses les processions du Saint-Sacrement. C’est d’ailleurs le thème d’année officiel des pèlerinages à Lourdes : « Qu’on y vienne en procession » ! Ce regain n’est pas à situer dans une sorte de retour en arrière nostalgique. Il s’inscrit dans ce que le pape Benoît XVI appelait « l’herméneutique de la réforme et du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Église que le Seigneur nous a donné ». L’Église est toujours la même : elle est et demeure le Corps Mystique du Christ qui trouve sa source dans la communion à son Corps eucharistique ! Autrement dit, si elle est une réalité de grâce qui nous relie invisiblement au Christ ressuscité, assis désormais dans la gloire à la droite du Père, nous attirant vers le Ciel, elle est aussi un Corps qui donne à notre communion une visibilité, par l’annonce de l’Évangile et le témoignage d’une vie sainte.

J’ai présidé cette année une procession du Saint-Sacrement à Pau, à l’initiative des paroisses du doyenné de Pau-Ville, qui nous a conduits, par les allées de Morlaàs, de Sainte-Bernadette où nous avons célébré la Messe animée par la chorale des jeunes, jusqu’à Sainte-Thérèse, où la relique du cœur du saint curé d’Ars nous attendait pour nous tourner avec lui vers Jésus présent au Saint-Sacrement de l’autel. Il ne s’agissait pas d’un hommage public rendu à la royauté sociale du Christ, comme en un temps de chrétienté désormais révolu. Mais il s’agissait pour les fidèles de faire corps avec le Christ et de donner un signe visible et public de l’amour inconditionnel de Jésus pour tous, qui a livré son corps, versé son sang, donné sa vie par amour pour tous les hommes. La procession a rassemblé plus de 600 personnes de tous âges, de toutes sensibilités : la ferveur et la joie étaient palpables.

Loin d’être une démarche nostalgique, ces processions eucharistiques procèdent d’un véritable renouveau, dans la continuité de l’unique sujet-Église que le Seigneur nous a donné. A condition qu’elles soient l’expression d’une vraie foi eucharistique : c’est-à-dire non seulement profession de foi en la présence réelle de Jésus, sous les apparences humbles et dérisoires du pain et du vin consacrés, lui qui nous a promis : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20) ; mais encore témoignage de notre charité fraternelle : dites-moi comment vous aimez vos frères et je vous dirai quelle est votre foi ! Seule la volonté – en acte ou en devenir – de vivre en vérité le commandement nouveau que Jésus a donné à ses disciples précisément dans le contexte de la dernière Cène, nous rend dignes de manifester publiquement notre foi eucharistique : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Et Jésus ne nous a pas aimés quand nous étions aimables, mais quand nous étions pécheurs, c’est-à-dire ses ennemis. Notre foi eucharistique nous oblige à vivre ce commandement nouveau en perfection : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient » (Lc 6, 27-28).
C’est ce haut-degré de la vie chrétienne ordinaire que nous devons viser et que l’Année Sainte qui approche nous aidera sans aucun doute à approfondir.

+ Marc Aillet

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