Esto es la juventud del papa – Voici la jeunesse du pape ! – Édito paru dans la revue Notre Église n°172.
Pour les 270 jeunes du diocèse que nous avons accompagnés à Rome pour le Jubilé des jeunes, sous la houlette de Jérôme Cangrand, de l’abbé Maxime de Mentque et de leur équipe, cette expérience de l’Église universelle a assurément été un temps fort de leur chemin d’initiation chrétienne. Pour avoir pèleriné avec eux depuis Pau jusqu’à Rome, je rends grâce au Seigneur, en particulier pour les 11 jeunes prêtres du diocèse qui les ont accompagnés : j’ai admiré leur entière disponibilité auprès des jeunes qui ont besoin de voir des prêtres heureux, zélés, avec une vraie proximité tout en sachant garder la distance, unis entre eux et unis à leur évêque. Cette génération manifeste une grande soif spirituelle et attend d’être éclairée et accompagnée. Ils ont pu trouver dans les prêtres, mais aussi dans les consacrés et les animateurs adultes, dont des couples, qui ont partagé avec eux le poids du jour et de la chaleur, des guides sûrs et aimants sur leur chemin de foi. Les prêtres n’ont pas ménagé leur peine pour les écouter chemin faisant, les confesser, les catéchiser. Je rends grâce pour ce temps ecclésial chargé de promesses, qui augure bien de la santé de notre presbyterium et de notre Église diocésaine.
C’est la rencontre avec le pape Léon XIV qui a été le sommet de toute la démarche jubilaire. D’abord, le mardi 29 juillet, pour les nouveaux baptisés et jeunes catéchumènes d’Europe, qui ont pu rencontrer le Pape : sur 600 jeunes présents, 550 venaient de France ! C’est dire que ce réveil de la foi chez les jeunes est un phénomène particulièrement français. Pour le souligner, le Saint-Père a même donné sa catéchèse dans notre langue, comme toujours centrée sur le Christ : « Le Christ est tout pour nous … Pour vivre heureux et en paix, nous sommes appelés à placer notre espérance en Jésus-Christ … Il est essentiel de faire l’expérience de Dieu dans la prière, la pratique des sacrements, particulièrement la redécouverte du sacrement de la Réconciliation, et la vie communautaire, afin de grandir dans la foi et l’amour… Je vous encourage à rester connectés au Seigneur Jésus ». Nos jeunes néophytes, très touchés par cette rencontre privilégiée avec le Pape, avaient des étoiles dans les yeux.
À Tor Vergata, les jeunes ont été impressionnés par la sobriété, voire la réserve, et en même temps la proximité de ce pape dont le discours simple et surnaturel a su les toucher en plein cœur : le discours très profond, essentiel et exigeant, mais toujours empreint de bonté et de douceur, de Léon XIV, est manifestement adapté à cette génération en quête de sens, de repères, et sensible à un discours vrai, sans artifices ni démagogie. La veillée de prière a commencé par un dialogue intense entre le Pape et trois jeunes représentatifs de ce million de jeunes recueillis et réceptifs, qui a donné le ton : questions existentielles et pertinentes, réponses graves et profondes inspirées de l’Écriture et de saint Augustin. La veillée de prière était ensuite centrée sur la proclamation de l’Évangile des disciples d’Emmaüs – « Reste avec nous, Seigneur », a martelé le Pape – et l’adoration eucharistique qui a duré près de quarante minutes, le tout accompagné d’une musique et de chants sacrés particulièrement suggestifs pour vivre une rencontre authentique d’amitié avec le Christ, fil conducteur du message du Saint-Père, comme s’effaçant continuellement devant Celui qu’il a reçu mission d’annoncer.
La messe d’envoi fut particulièrement belle, solennelle mais empreinte de « noble simplicité », un ars celebrandi soigné, auquel nous sommes habitués depuis Benoît XVI : les jeunes sont décidément sensibles à la beauté liturgique et au sens du sacré, qui élèvent l’âme. Dans son homélie, le Pape est revenu sur le thème de l’amitié avec le Christ : « Restons unis à Lui, restons dans son amitié, toujours, en la cultivant par la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse ». Il n’a pas peur de les entraîner vers les sommets, sûrs que dans notre « fragilité », « qui fait en effet partie de la merveille que nous sommes », nous sommes invités à nous appuyer sur la grâce et non sur nos propres forces : « Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins. Vous verrez alors grandir chaque jour, en vous et autour de vous, la lumière de l’Évangile ».
À voir l’ouverture de cœur de nos jeunes et leur soif de vérité et d’amour, en rapport avec le message exigeant du Saint-Père, j’ai eu la conviction, signalée par bien des observateurs, que la « génération Léon XIV » est déjà en train de se lever.
+ Mgr Marc Aillet
