En route vers le Jubilé de l’Espérance – Édito paru dans la revue Notre Église n°164.
L’actualité de l’Église est tellement riche en ces temps, qu’il sera difficile d’en rendre compte en si peu de lignes. L’ouverture très prochaine du Jubilé de 2025, sous le signe de l’Espérance, est précédée par la publication du rapport final du Synode sur la Synodalité (27 octobre 2024), un peu télescopé par la parution inattendue d’une encyclique du pape François sur le Sacré-Cœur, « Dilexit nos – Il nous a aimés » (24 octobre 2024). Il nous faudra un peu de temps pour recevoir le rapport final du Synode, dont la traduction française officielle n’est pas encore publiée, que le Pape a décidé d’intégrer à son magistère tel quel, sans lui accorder le caractère normatif qu’une exhortation apostolique, à laquelle il a renoncé, aurait eu. Ce texte ne donnera pas moins aux Églises particulières des orientations pour mieux vivre la synodalité : une communion renforcée dans l’Esprit Saint qui manifeste l’harmonie des différences au lieu de les appréhender dans une concurrence de pouvoirs, une participation de tous à travers des organes de communion réactualisés, en vue de la mission de l’Église qui existe pour évangéliser.
Il ne fait pas de doute que l’encyclique sur le Sacré-Cœur vient à point nommé pour donner de la chair et du cœur à la synodalité, là où il pourrait y avoir le risque de s’enfermer dans une perspective organisationnelle et structurelle et où la participation pourrait se réduire à un ensemble de processus de contrôles les uns sur les autres. C’est dans l’amour que nous recevons du Cœur blessé de Jésus, que nous puisons l’amour fraternel qui doit prévaloir dans toutes nos relations au sein de l’Église : il s’agit de se convertir à l’amour, car « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, que tous vous reconnaîtront pour mes disciples » (Jn 13, 35). Toute réforme structurelle doit être précédée d’un véritable renouveau spirituel.
Le Jubilé de 2025, où le Pape nous veut « Pèlerins de l’Espérance », doit être considéré comme une pierre milliaire dans cet itinéraire de renouveau spirituel de l’Église. Comme tout Jubilé, dont l’institution plonge ses racines dans la pratique des années jubilaires par le peuple de la première alliance et fut inaugurée dans l’Église par le pape Boniface VIII, en 1300, comporte toujours une dimension de remise à niveau spirituel. Le pape propose à l’Église de donner trois signes d’espérance au monde, comme fruits de notre conversion : la paix dans le monde déchiré et menacé de plus en plus par la guerre, paix qui commence au sein de nos familles et de nos communautés et qui devra nous inspirer des démarches de réconciliation authentiques entre nous ; l’ouverture à la vie, dans un monde qui manifeste son manque d’espérance face à l’avenir en ne donnant plus la vie ; le soin porté aux frères et sœurs qui vivent dans des conditions de détresse (détenus, malades, jeunes, migrants, personnes âgées, pauvres). Comme le stipule la bulle d’indiction du pape François, j’ouvrirai l’année sainte, dans notre diocèse, le dimanche 29 décembre en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne.
Au cours de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, du 5 au 10 novembre dernier, qui s’est déroulée de manière très paisible et fraternelle, les évêques ont voulu adresser une lettre au peuple de Dieu pour cette année jubilaire, au cours de laquelle nous commémorerons le 1700e anniversaire du Concile de Nicée en 325, pour retremper notre foi trinitaire et christologique. Cette lettre est en ligne sur le site diocésain. Cette assemblée plénière a été marquée par plusieurs rencontres : avec le Patriarche de l’Église Grecque-Melkite d’Ukraine ; avec quatre évêques du Continent africain, pour réfléchir sur la mission dans nos diocèses avec l’apport précieux des prêtres fidei donum ; et avec les représentants des trois grands mouvements de scoutisme catholique – scouts et guides de France, scouts et guides d’Europe, scouts unitaires de France – qui ont parlé devant nous d’une seule voix : ce fut prophétique et plein d’espérance, d’autant que ces trois mouvements de jeunesse connaissent une croissance continuelle en France, ce qui augure bien de notre année jubilaire.
+ Marc Aillet