Rentrée pastorale – Édito paru dans la revue Notre Église n°173.
Plusieurs événements importants ont marqué notre rentrée pastorale et donné ainsi une orientation à toute notre année. L’installation officielle des nouveaux curés m’offre toujours l’occasion de repréciser le rôle des prêtres à qui est confiée une portion du peuple de Dieu. Si les tria munera – charges d’enseigner, de sanctifier et de gouverner – sont inséparables dans la personne du curé comme de tous ceux qui sont configurés au Christ prêtre, tête et pasteur de l’Église, par le sacrement de l’ordre, la plus importante, dans l’ordre de perfection, reste la charge de sanctifier par les sacrements. Elle est elle-même centrée sur la liturgie de l’Eucharistie, « l’événement le plus important de la vie du chrétien et de la vie de l’Église », comme l’a affirmé le pape Léon XIV devant une délégation française de servants d’autel, le 25 août dernier, ajoutant : « La messe sauve le monde aujourd’hui » ! C’est là que tout baptisé réalise pleinement sa vocation fondamentale, définie ainsi par saint Paul : « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir votre corps, toute votre personne, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là pour vous la juste manière de lui rendre un culte » (Rm 12, 1). Et ce n’est possible qu’en s’unissant au sacrifice unique du Christ, offert à chaque messe par les mains du prêtre. Les autres charges sont relatives à celle-ci. L’Eucharistie, dans laquelle convergent tous les sacrements, est le sommet de l’activité d’enseignement du prêtre : une prédication exigeante qui doit proposer un chemin authentique de conversion à tous ceux qui se préparent aux sacrements. Et elle est encore la source d’une vie authentiquement chrétienne qui, guidée par le pasteur propre de la paroisse, s’accomplit dans le précepte de la charité fraternelle et dans le mandat missionnaire du Christ : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous devant tous ceux qui vous en demandent raison » (1 P 3, 15).
C’est dire l’importance du prêtre dans la vie de l’Église, comme l’a encore rappelé le pape Léon XIV aux servants d’autel : « Je m’adresse à vos consciences de jeunes, enthousiastes et généreux, je vais vous dire une chose que vous devez entendre, même si elle doit vous inquiéter un peu : le manque de prêtres en France, dans le monde, est un grand malheur ! Un malheur pour l’Église ». Aussi, nous sommes dans la joie d’accueillir, cette année, cinq nouveaux propédeutes au séminaire des Saints Cœurs de Jésus et Marie et un nouveau séminariste, avec en outre le retour des deux séminaristes en stage inter cycles l’an dernier. Quant au séminaire Redemptoris Mater, il y a, en cette rentrée, quatre propédeutes et un nouveau séminariste. C’est une belle moisson. Voilà un encouragement sûr pour le service diocésain des vocations, sous la houlette de l’abbé Fabien Damay et de son équipe, qui développera cette année des missions vocationnelles dans le diocèse. J’y vois aussi l’intercession discrète de notre cher abbé Alexandre Blaudeau, dont nous avons célébré le premier anniversaire de la mort, le 16 septembre dernier – d’abord à la messe de rentrée des séminaires, ensuite à Nay, avec une église pleine de fidèles et 25 prêtres –, alors qu’il se désignait lui-même comme « missionnaire des vocations ».
Le pèlerinage de l’HBB, avec la journée diocésaine du dimanche qui a rassemblé de nombreux fidèles du diocèse, venus rejoindre les hospitaliers – un millier dont 200 jeunes lycéens de Terminale – et nos pèlerins malades et handicapés – près de 400 –, constitue comme le temps fort de notre rentrée pastorale. J’ai insisté cette année sur le Jubilé de l’Espérance qui nous rappelle que nous sommes en pèlerinage vers le Ciel, l’objet même de cette grande vertu théologale. À Lourdes, où le Ciel a visité la terre, nous sommes ainsi invités, avec Marie, à « rechercher les réalités d’en haut … à songer aux réalités d’en haut, non à celles de la terre » (Col 3, 1-2). Les deux jeunes italiens – Pierre-Giorgio Frassati (1901-1925) et Carlo Acutis (1991-2006) – que le Pape a canonisés le 7 septembre dernier, nous montrent le chemin du Ciel. Les deux moyens mis en œuvre pour y parvenir, dans leur courte vie, furent la messe quotidienne, en lien avec la pratique de la confession fréquente, et le service des pauvres. Devant la profanation récente de nombreuses églises de notre diocèse, j’ai insisté sur notre responsabilité : nos églises, souvent désespérément vides, doivent retrouver concrètement dans la vie du peuple chrétien leur vocation de « maison du Seigneur », par un engagement renouvelé à visiter le Saint-Sacrement présent au tabernacle, trop déserté par les fidèles, prendre le temps d’une prière quotidienne à l’église ou hebdomadaire à deux ou trois. Le service des pauvres doit être aussi une priorité dans la vie de nos communautés, au sens fort de ces paroles du prophète Isaïe que Jésus s’est attribué lui-même : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, et il m’a envoyé annoncer l’Évangile aux pauvres » (Lc 4, 18). Invitation à exercer une charité concrète envers les plus petits et les plus fragiles et à témoigner de notre foi et de notre espérance par l’annonce explicite de l’Évangile à tous, car la plus grande pauvreté, c’est l’ignorance du Christ.
+ Mgr Marc Aillet