Édito de Mgr Marc Aillet -Juillet-août 2023

6, Juil 2023

Vous trouverez ci-dessous l’éditorial de Mgr Marc Aillet publié dans la revue diocésaine de juillet-août, intitulé « Crise et signes d’espérance ».

« Nous devons nous rendre à l’évidence : nous sommes passés en France de 94% de baptêmes en 1960 à 52% en 2000 et à 30% en 2020 ; de 41 000 prêtres en 1960 à 20 000 en 2000 et à 10 000 en 2020 ; de 25% de pratique dominicale en 1960 à 10% en 2000 et de 1 à 2% en 2020. Et pourtant il y a eu le Concile Vatican II (1962-1965) et la Réforme liturgique (1969), qui n’en demeurent pas moins une source d’espérance. Ce mouvement de déchristianisation semble irréversible à vues humaines – en 2021, 51% des français se déclaraient non croyants – et nous ne saurions continuer comme avant. Le Concile Vatican II aurait-il été mal compris et reçu ? Oui, si j’en crois les controverses qui continuent d’animer certains membres plus âgés, tant ceux qui pensent que le Concile a rompu avec « l’obscurantisme anté-conciliaire » que ceux qui dénoncent une rupture avec la grande tradition de l’Église : ils ont en commun ce que Benoit XVI qualifiait d’« herméneutique de la rupture et de la discontinuité ».


Pour ma part, je garde en mémoire les propos introductifs du pape Paul VI dans son exhortation apostolique postsynodale Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975) voulant à la fois conclure l’Année Sainte, qui fut l’occasion d’un grand sursaut spirituel, et célébrer le 10ème anniversaire de la clôture du Concile Vatican II « dont les objectifs se résument en définitive à un seul : rendre l’Église du XX° s. encore plus apte à annoncer l’Evangile à l’humanité du XX° s. » (n. 2). Le pape Jean Paul II en a tiré le concept de « Nouvelle évangélisation » qui a continué d’inspirer ses successeurs Benoit XVI et François. Ce dernier, en se référant explicitement à Paul VI, a donné une nouvelle impulsion au renouveau missionnaire initié par le Concile Vatican II, dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (2013), qui est le document cadre de notre Parcours Cléophas. A la suite de Benoit XVI, François nous exhorte à passer d’une « pastorale de la conservation » à une « pastorale d’évangélisation » qu’il appelle quant à lui une « pastorale vraiment missionnaire ». En prenant acte que notre société n’est plus seulement sécularisée mais est devenue néo païenne, Benoit XVI parlait de « première évangélisation », celle qui nous renvoie à l’expérience fondatrice des apôtres, en particulier de saint Paul qui, après avoir été rejeté de la Synagogue où il a d’abord proclamé le kérygme, s’est tourné résolument vers les païens. Ainsi est née la mission ad gentes !


Cette orientation résolument missionnaire du Concile Vatican II n’a pas pour autant prétendu rompre avec le passé de l’Église, comme Jean Paul II et Benoit XVI, authentiques interprètes du Concile, ont tenu à le montrer, en enracinant « la réforme et le renouveau » de l’Institution dans « la continuité de l’unique sujet-Église que le Seigneur nous a donné ». Si l’Église ne s’enracine pas sereinement dans son passé, en assumant son histoire et sa grande tradition, tout en procédant à des réformes nécessaires, elle n’a pas d’avenir ! La décroissance actuelle en est un signe éloquent. Il est facile de constater que les réalités ecclésiales qui n’ont pas de comptes à régler avec l’Institution et qui ont accueilli le Concile Vatican II, selon une « herméneutique de la réforme et du renouveau dans la continuité » (Benoit XVI), relèvent mieux le défi de l’évangélisation du monde moderne : on y transmet la foi, on n’oublie pas le service des pauvres, on y propose des parcours d’initiation chrétienne, on y témoigne de la beauté et de la sacralité de la liturgie, on y suscite des vocations, on y accueille les différences et beaucoup de jeunes s’y retrouvent…


L’Église n’est pas morte : d’ailleurs Jésus ne nous a-t-il pas promis que « la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16, 18) ? Non, comme Jésus l’a dit : « L’enfant n’est pas morte, elle dort » (Mc 5, 39) : aussi l’Église est-elle appelée par la puissance de l’Esprit Saint à se réveiller dans les âmes. C’est un des aspects fondamentaux de la transformation pastorale à laquelle nous exhorte le pape François.

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