Message de Noël 2025 : la joie de l’Espérance.
Pour ceux qui travaillent avec ardeur à construire un monde meilleur, force est de constater que leurs efforts semblent souvent voués à l’échec, tant le spectacle qui s’offre à nos yeux est particulièrement sombre. Sur la scène internationale, certains conflits meurtriers risquent de s’enliser au nom d’intérêts que les simples citoyens peinent à déchiffrer ; la persécution des chrétiens sévit dans l’indifférence générale non plus seulement dans les pays islamistes du Moyen Orient ou d’Asie, mais en Afrique subsaharienne, comme au Nigéria, au nom d’un islam radicalisé ; en Terre sainte et au Liban, alors qu’un cessez-le feu apporte un peu de répit à des populations exténuées, les haines entretenues de part et d’autre menacent un équilibre bien fragile.
Sur la scène nationale, on assiste, impuissants, aux ravages du narcotrafic et à l’explosion de la violence sous toutes ses formes ; à une crise politique sans précédent qui fragilise un peuple angoissé, inquiet de son avenir et en quête d’une autorité introuvable qui aie vraiment le souci du bien commun ; à un budget qui pourrait s’imposer au détriment des foyers les plus modestes ; à l’étranglement des agriculteurs dont la colère n’est toujours pas entendue ; au harcèlement dont les établissements de l’Enseignement catholique font l’objet, avec des contrôles où les « abus d’autorité » se multiplient, avec le risque d’instrumentaliser le scandale des abus – qui demeure un fléau loin de nous laisser indifférents et inactifs – au profit d’un laïcisme d’un autre âge qui va jusqu’à nier la liberté de choix des parents et la liberté éducative des enseignants ; à une loi sur l’euthanasie, toujours en préparation, qui aboutirait à la suppression des plus faibles, au nom d’une fraternité fallacieuse…
C’est dans un contexte aussi tendu que les chrétiens célébreront la fête de Noël, peut-être avec cette expression de dépit rapportée par le prophète Isaïe : « Mon chemin est caché au Seigneur, mon droit échappe à mon Dieu » (Is 40, 27) ; ou bien avec cette question de Jean-Baptiste, le précurseur du Christ, qui confesse sa perplexité dans sa prison : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 3).
Et pourtant, au terme de cette Année sainte qui s’achèvera avec le cycle de Noël, nous voyons que les signes d’espérance ne manquent pas, qui attestent que « Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigle, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer » (Is 40, 31). La figure du pape Léon XIV, homme de paix et d’intériorité, comme il l’est apparu, en particulier en Turquie et au Liban, en constitue assurément un signe authentique. La présence chrétienne à Gaza, comme un pont de pardon et de réconciliation, en est un autre, lumineux.
Ici, dans notre diocèse, je suis moi-même le témoin émerveillé de nombreux signes d’espérance : de vraies réconciliations s’opèrent ; dans nos communautés, des couples s’ouvrent à la vie, même dans la précarité, et transmettent la foi à leurs enfants ; des adultes, plutôt jeunes, en nombre croissant – 96 cette année dans notre diocèse – demandent la foi et le baptême à l’Église de Dieu ; des jeunes, enthousiastes pour Jésus, veulent devenir des témoins courageux du Christ, comme j’ai pu le constater lors du Jubilé des jeunes à Rome ou de la Journée diocésaine des jeunes à Biarritz ; des détenus, rencontrés dans nos maisons d’arrêt de Pau et de Bayonne, ouvrent leur cœur au Seigneur et, avec l’accompagnement précieux des équipes d’aumônerie, entament un chemin de conversion ; des pauvres trouvent auprès de nos bénévoles une écoute, un réconfort et une annonce simple de l’Évangile ; des jeunes frappent à la porte du séminaire pour donner leur vie au Seigneur – cinq propédeutes cette année au séminaire des Saints Cœurs, quatre au séminaire Redemptoris Mater ; des prêtres, tout donnés à leur ministère, sèment la joie de l’espérance dans les cœurs…
Tous, ils ont compris que Jésus n’est pas venu dans le monde pour construire un monde meilleur mais pour faire advenir un monde nouveau qui commence précisément dans les cœurs : un cœur réconcilié avec Dieu et uni à lui par la prière engendre la paix dans ses relations et le Seigneur lui donne le discernement et la force de changer la face du monde.
Oui, cette bonne nouvelle est toujours actuelle : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 11-12). Qu’attends-tu donc pour l’accueillir dans ta vie ?

+ Marc Aillet
