Message de Pâques 2025 de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.
« La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 5)
L’actualité est particulièrement pesante aujourd’hui. La menace que la guerre s’amplifie, au Moyen Orient comme en Ukraine, n’est pas écartée. Des chrétiens connaissent de nouvelles situations de discrimination, voire de persécution, comme en Afrique subsaharienne ou en Syrie, avec la minorité alaouite, dans un silence assourdissant. Le risque d’attentats terroristes et les scènes de violence qui se perpétuent sur notre sol, laissant parfois les pouvoirs publics impuissants, sont cause d’inquiétude croissante pour nos compatriotes, comme les difficultés économiques qui affectent un nombre toujours plus important de nos concitoyens. Une loi sur la fin de vie, qui ne dit pas son nom, au grand désarroi de nombreux personnels soignants, sera bientôt discutée au Parlement, où l’acte de donner la mort risque de l’emporter sur le soulagement de la souffrance par une vraie politique de soins palliatifs, qui se fait toujours attendre.
Comment ne pas mentionner les révélations en série de violences physiques et sexuelles qui se sont produites, dans un passé souvent lointain, mais parfois plus récent, dans nos établissements scolaires d’enseignement catholique ? Si elles provoquent notre légitime indignation, elles nous engagent à toujours plus de détermination pour entendre les victimes, œuvrer à leur reconnaissance et à leur réparation, comme à multiplier les mesures de protection des mineurs et publics fragiles et les actions de prévention.
Les nuages s’amoncèlent sur notre société, qui à l’instar de l’Église s’attèle aussi à la lutte contre la pédocriminalité – 160 000 violences sexuelles sur enfant sont recensées en France chaque année – et sur l’institution ecclésiale.
Mais si nous portons la mort de Jésus dans notre corps – et l’Église est le Corps du Christ – c’est pour que la résurrection soit manifestée (2 Co 4, 10) ! Si nous devons nous appliquer à bâtir des structures plus humaines et plus justes, et une maison plus sûre, nous savons que « les meilleures structures et les systèmes les mieux conçus deviennent vite inhumains si les pentes inhumaines du cœur de l’homme ne sont pas assainies » (Paul VI). Il y va de la conversion du cœur que le Seigneur peut seul opérer en nous par sa grâce. Puissions-nous dire avec l’apôtre Paul : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts » (Ph 3, 10-11).
Oui, nous pouvons voir la puissance de la résurrection à l’œuvre dans le monde et dans la vie de l’Église. Que d’hommes et de femmes se mettent au service de la paix et se dévouent au service des plus pauvres ! Que de mobilisation au service de l’écoute des victimes et de leur accompagnement fraternel. Et ces catéchumènes en nombre croissant – 90 dans notre diocèse, au lieu de 40 l’an dernier – et ces jeunes que l’on voit affluer dans nos célébrations depuis le mercredi des cendres, qui sans s’en désintéresser, ne sont pas arrêtés par les scandales, mais sont pressés intérieurement de rencontrer le Christ, dont ils perçoivent que lui seul a vaincu la mort et qu’il peut encore aujourd’hui vaincre leur mort, donner un nouvel horizon et une orientation décisive à leur vie. Oui, « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 5). « Nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts. Roi victorieux, prends-nous tous en pitié ! Amen. Alléluia ».
Saintes et joyeuses fêtes de Pâques !
+Marc Aillet
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