Les 9 et 10 septembre 2023, de nombreux pèlerins sont venus fêter les 150 ans de la restauration du calvaire de Bétharram.
Le samedi, un concert a été donné au sanctuaire avec Claire Beaudoin, soprano lyrique. Dimanche 10 septembre, la messe était présidée par Mgr Marc Aillet, puis l’après-midi, les pèlerins se sont élancés sur le chemin de croix jusqu’au clavaire, accompagnés par le P. Laurent Bacho, scj.
Photos du calvaire : @Stockli/Nay
Le Calvaire de Bétharram a été restauré après la Révolution Française, et inauguré le 14 septembre 1873. Mais notre chemin de croix a une plus longue histoire.
Il faut remonter à 1616, où après les guerres de religion qui avaient détruit la dévote chapelle, la vie va resurgir. Au terme d’une longue procession partie de Garaison, l’archevêque d’Auch apporte cette statue en bois de Notre Dame que nous gardons précieusement au fond du sanctuaire Notre-Dame, « la Vierge-Maman » en juillet. Deux mois plus tard, en septembre, un violent orage abat la croix qui avait été dressée en haut de la colline, là où se trouve le cimetière de la congrégation. Cinq paysans de Montaut sont témoins de cette croix qui se relève dans un halo de lumière ; c’est le « miracle de la croix ».
UN PREMIER CHEMIN DE CROIX
Hubert Charpentier, après avoir vérifié l’exactitude des faits, est inspiré pour construire un chemin de croix qui devient très fréquenté en ce 17ème siècle, avant même la construction de notre sanctuaire Notre-Dame et le vieux pont de pierre en 1687. Mais à la fin du 18ème siècle c’est la Révolution française ; le chemin de croix est détruit, seul est préservé la statue en bois « Le Christ à la colonne » qui se trouve au fond du sanctuaire.
RECONSTRUCTION
Trente ans plus tard arrive à Bétharram, envoyé par l’Évêque, un jeune prêtre, Michel Garicoïts, qui va redonner vie au pèlerinage. Après avoir fondé notre société du Sacré-Cœur de Jésus en 1835, il se lance en 1840 dans la reconstruction du chemin de croix, grâce à un artiste, Alexandre Renoir, qui va composer les bas-reliefs de nos huit premières stations. Cinq ans plus tard, par manque de finances, la construction est arrêtée. Elle ne reprendra que 20 ans plus tard avec son successeur, le Père Chirou, pour s’achever en septembre 1873 et inauguré le 14, lors de la Fête de la Croix Glorieuse. Ce chemin de croix a été fréquenté par les pèlerins de Lourdes pendant 40 ans.
RESTAURATION
En avril 2001, le Calvaire est inscrit sur l’inventaire des Monuments Historiques. C’est ce qui a permis en 2018 les travaux de restauration avec près de 80% de financement public ; les 20% revenant aux « Amis des Sanctuaires ». La fin de la restauration peut être entrevue pour la fin 2024 !
Ce chemin de croix est aussi le GR 78, parcouru en particulier par les pèlerins de Saint-Jacques, de plus en plus nombreux, venant du monde entier ; la communauté religieuse assure leur gîte et leur fait découvrir les sanctuaires avec les différents messages.
SOUFFRANCE ET RÉSURRECTION
La particularité de ce chemin de croix est de suivre les récits de la passion rapportés par les évangiles, en dehors des stations 8 et 13 qui font partie de la tradition de l’Église. Notre Fondateur saint Michel Garicoïts a voulu nous transmettre le visage du Dieu-Amour, « fondu en charité » qui accepte que son Fils unique soit condamné injustement et mis en croix, comme preuve suprême de son amour. Nous savons bien que ce n’est pas la souffrance du Christ qui nous sauve mais l’amour avec lequel Jésus a souffert. Le Christ souffrant que nous découvrons tout au long du chemin représente tous les souffrants et blessés d’aujourd’hui, victimes de l’égoïsme de leurs semblables. Mais loin de nous plomber dans la tristesse et la résignation, nous sommes invités à devenir témoins d’espérance car ici à Bétharram depuis 150 ans, le chemin de croix aboutit sur la 15ème station : la Résurrection de Jésus.
Pour nous chrétiens, ce chemin est bien celui du chemin d’amour de Jésus pour le monde ; d’autres le parcourent en touristes curieux et en promeneurs à la recherche de détente et de repos. Religieux, nous sommes témoins que même ceux qui n’ont pas la Foi chrétienne retrouvent paix et sérénité dans les différentes situations douloureuses de la vie traversées. Un livret vient d’être rédigé, indiquant à chaque station une phrase d’Évangile et une pensée de saint Michel Garicoïts qui invitent à la méditation et à la prière.
UN LIEU SPIRITUEL
Religieux de Bétharram, nous recevons ce chemin de croix comme un héritage spirituel de notre Fondateur qui nous invite à « rejoindre le Christ en son offrande suprême au Père » (règle de vie). Nous sommes heureux de constater que de nombreux laïcs nous rejoignent, notamment dans l’association « Les Amis des Sanctuaires » : ils sont de précieux collaborateurs et permettent des relations harmonieuses avec les différentes autorités administratives territoriales et les entreprises qui assurent cette restauration.
Nous sommes persuadés que c’est un lieu privilégié qui permet à nos contemporains de trouver un espace qui ouvre à la dimension spirituelle indispensable pour avoir le vrai bonheur. Ainsi nous permettrons aux bâtisseurs d’hier et aux restaurateurs d’aujourd’hui d’apporter espérance et sérénité dont le monde d’aujourd’hui a particulièrement besoin !
Père Laurent Bacho s.c.j.