Annoncer l’Évangile de la vie – Édito paru dans la revue Notre Église n°167.
Le Carême revient sur le cycle liturgique, temps par excellence de pénitence et de conversion, où nous ferons résonner dans notre cœur cette invitation pressante de Jésus, qui constitue le Kérygme de sa prédication : « Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15). Et nous avons toujours à nous convertir, à quitter nos zones de confort, à aiguiser notre désir de Dieu, à prendre soin de nos frères les plus pauvres et les plus éprouvés, les moins respectés dans leur dignité inviolable.
En mettant au cœur de la démarche jubilaire le sacrement de réconciliation et le don de l’indulgence, le pape François nous invite à nous convertir, ce qui passe par un effort pour se détacher du péché. C’est le sens de la pénitence chrétienne que nous sommes appelés à vivre très particulièrement durant le Carême, à travers les œuvres que nous suggère l’Église dans le rite des Cendres : l’aumône, la prière et le jeûne (cf. Mt 6, 1-18). Il ne s’agit pas pour autant de nous inciter à aucun volontarisme ! Pour être fécondes, ces œuvres seront le fruit dans notre vie de la grâce de l’Esprit Saint qui nous est communiquée par l’Église. En effet, c’est l’Esprit Saint qui nous conduit au désert du Carême, tout comme Jésus au désert de la quarantaine : « Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable » (Lc 4, 1-2).
La pénitence, c’est sans doute la réparation, d’ailleurs souvent modeste et symbolique, que le prêtre propose avant de donner l’absolution sacramentelle. Mais la pénitence est plus généralement une pratique habituelle des fidèles désireux de combattre l’attachement malsain aux créatures, qui est la conséquence en nous du péché, même véniel. Si l’indulgence que nous demandons au cours de l’Année sainte, pour nous-mêmes ou pour nos défunts, peut effacer les conséquences du péché en nous, cela ne nous dispense pas de chercher par la pénitence à nous détacher du péché.
Au cours du Carême, nous célébrerons le 30ème anniversaire de l’encyclique Evangelium Vitae – l’Évangile de la vie, du pape saint Jean Paul II. Dans sa bulle d’indiction du Jubilé, L’espérance ne déçoit pas, le pape François, soucieux de « la perte du désir de transmettre la vie » et constatant « la baisse préoccupante de la natalité dans plusieurs pays », en particulier en Europe, nous invite à donner au monde, après la recherche de la paix, un deuxième signe d’espérance au monde : « L’ouverture à la vie avec une maternité et une paternité responsables est le projet que le Créateur a inscrit dans le cœur et dans le corps des hommes et des femmes, une mission que le Seigneur confie aux époux et à leur amour. Il est urgent que, outre l’engagement législatif des États, ils aient le soutien convaincu des communautés croyantes et de la communauté civile dans toutes ses composantes, car le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants comme fruit de la fécondité de leur amour donne son avenir à toute société. Ce désir est une question d’espérance puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance » (n. 9).
Pour répondre à cette préconisation du Saint-Père, j’ai demandé à l’Académie diocésaine pour la vie d’organiser un colloque pour revenir sur l’importance de cette encyclique de Jean Paul II dans la vie de l’Église, encyclique prophétique s’il en est, qui demeure une invitation pressante faite à tous les fidèles d’annoncer, de célébrer et de servir l’Évangile de la vie, signe d’espérance pour le monde d’aujourd’hui. J’ai bien conscience qu’il y faut du courage, mais nous mettons notre confiance dans le Seigneur. La charité envers les personnes ne doit pas nous empêcher, avec douceur et respect, de proclamer la Vérité : « Ne diminuer en rien la salutaire doctrine du Christ est une forme éminente de charité envers les âmes (…) Mais cela doit toujours être accompagné de la patience et de la bonté dont le Seigneur lui-même a donné l’exemple en traitant avec les hommes » (Saint Paul VI).
+ Marc Aillet