Les noms de famille et de maison, dans la Vallée et en Béarn, sont attribués, en fonction des localisations, des professions ou autres motifs.
Donnons une première explication du double nom qui est assez habituel. Quand un homme épousait une héritière, il perdait le nom de la maison d’où il venait et prenait le nom de la maison où il allait comme gendre. En Gascogne, le terme « cadet » a une
signification spécifique de « non-héritier ». S’il y avait 8 enfants, il y avait 7 cadets. Cela peut paraître injuste, mais c’était l’unique façon de maintenir l’exploitation familiale. Les exploitations étaient petites et s’il fallait partager 4 hectares entre 8 enfants, la propriété n’existerait plus d’une génération à l’autre. D’autant plus que, au droit d’aînesse, correspondait un devoir d’aînesse qui consistait à s’occuper des parents qui restaient à la maison jusqu’à la mort et ainsi que des orphelins à charge dans les familles. Les cadets qui ne se mariaient pas pouvaient rester à la maison toute leur vie. Les cadets qui se mariaient
recevaient un trousseau et une dot en argent pour les filles et en bétail (une ou deux vaches) pour les garçons.
Si un cadet épousait une cadette et qu’il défrichait une terre qui devenait sa propriété, il prenait le nom de la maison d’où il venait avec un diminutif : Moulia-Mouliot, Casala-Casalot, Lousteau-Loustalot.
Quelques noms, en partant du tout début de la Vallée d’Aspe :
– Cauhapé : Cauhepè = qui chauffe le pied = maison ensoleillée.
– Beigbédé : Beig Bédé = belle vue.
– Coig : Col = maison située dans un col.
– Ladarré : Laadarrè = petite plaine située derrière, soit derrière le bourg soit derrière la route…
– Bellocq : Beth Loc = beau lieu (cf étymologie de l’Abbaye de Belloc,
située encore en Gascogne, tout près du Pays Basque).
– Tuyaret : un homme sorti de la maison Tuya, épousant une cadette comme lui.
Tuya venant de « Touya » = Lieu planté d’un genre de genêts qui servaient à la litière du bétail.
par Frère Pierre, paru dans L’Echo du Vallon n°359