La Fête-Dieu, fête du Corps et du Sang du Christ

Le deuxième dimanche après la Pentecôte, sera célébrée la Fête-Dieu, ou fête du Saint-Sacrement (Besta berri au Pays basque). Beaucoup de paroisses solenniseront la Fête-Dieu par une procession du Saint-Sacrement le dimanche 22 juin 2025.

Voici quelques lieux et horaires où se dérouleront les processions de la Fête-Dieu le 22 juin :

En Béarn :

10h à Bizanos :  Exposition du Saint Sacrement à l’église Saint-Magne puis messe à 10h30 et fête paroissiale

10h30 à Gélos  : messe puis procession.

10h30 à Nay : messe à l’église de Nay et procession vers la Communauté des Béatitudes, 18 côte St Martin. Puis à 15h45 : Procession du St Sacrement à la Communauté.

10h30 à Lescar : messe à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption

11h à Oloron-Sainte-Marie : Messe suivie de la procession du Saint Sacrement à la cathédrale Sainte-Marie

18h30 à Pau : Messe à l’église Sainte-Bernadette célébrée par Mgr Marc Aillet, suivie à 20h de la procession du Saint Sacrement de l’église Sainte-Bernadette à l’église Sainte-Thérèse par les allées de Morlaàs.

Au Pays basque :

10h à St Pée sur Nivelle : messe suivie de la procession avec la participation des musiciens, des danseurs, de la chorale, des chanteurs

10h à Espelette, Itxassou et Louhossoa : messe suivie de la procession

10h30 à Ossès : Besta Berri, avec procession

10h30 à St-Jean-le-Vieux : Besta Berri, avec procession

10h30 à Bidarray, célébration de la Fête-Dieu après 8 ans d’absence, avec procession et jeunes habillés en costumes de la Garde nationale.

10h30 à Bidache, messe et procession

11h à Bayonne St-André, messe puis procession du St Sacrement à 12h30 dans le Petit-Bayonne

16H30 à Biarritz : départ de l’église Sainte-Eugénie, procession par le Rocher de la Vierge, pour finir à l’église Saint-Joseph. 17h30 arrivée à l’église, puis Salut et Vêpres

Dimanche 29 juin (octave)
10h à Cambo-les-Bains, messe suivie de la procession

La fête-Dieu – Besta berri au Pays basque

D’où vient cette fête célébrée le deuxième dimanche après la Pentecôte -cette année le 22 juin – et très suivie au Pays basque ?

Dans les premières années du XIII° siècle, vint la coutume d’élever l’hostie après la consécration du pain et d’élever le calice après la consécration du vin. Au milieu de tous les débats au sujet de la messe, la communion des fidèles s’était raréfiée. L’idée vint de donner une grande importance à l’élévation. (le prêtre se devait de lever l’hostie et le calice au-dessus de sa tête, puisqu’il célébrait de dos aux fidèles)  Cette élévation annonçait à l’assemblée que le miracle avait eu lieu et que le corps et le sang du Seigneur ressuscité étaient désormais sur l’autel. Puis, le fait de regarder l’hostie élevée devint une manière de la recevoir spirituellement. On utilisa la sonnette dans l’église et les cloches sonnent à leur tour pour inviter les gens de la cité à s’unir par la prière aux fidèles réunis dans l’église.

Vision de saint Julienne
Au son des cloches de l’élévation, la piété poussait certains à courir d’une église à l’autre pour voir plusieurs fois le miracle. Cette dévotion se répandit, encouragée vers 1209, lorsque sainte Julienne du Mont-Cornillon de Liège eut une vision demandant à l’Église une fête particulière en l’honneur du Christ présent dans le pain et le vin consacrés. En 1246, l’évêque de Liège inaugure cette nouvelle fête dans son diocèse. En 1264, le pape Urbain IV étend la Fête-Dieu à toute l’Église, ordonnant de la célébrer en l’honneur du Corps et du Sang du Christ le jeudi suivant le dimanche de la Sainte Trinité.  Ces manifestations de piété chrétienne, de religiosité populaire, de coutumes religieuses viendront jusqu’à nous.

Une fête majeure
Les dévotions se développent – dévotions des saints, les adorations, les confréries du Saint Sacrement – on ajoute les retables, les tabernacles au-dessus de l’autel… Les fidèles ne communient que rarement, pour ne pas dire jamais.  

Du coup, la procession du Saint Sacrement dans les rues deviendra une fête majeure. Elle sera de plus en plus amplifiée, par la décoration : les fenêtres fleurissent, les façades des maisons sont drapées de blanc, les chemins recouverts de verdures, les reposoirs font la fierté du quartier…

Ces processions vont attirer les foules. Chacun y trouvera sa place, jusqu’aux municipalités qui marcheront derrière le Saint Sacrement.

Chacun veut « voir » l’hostie, et même toucher l’hostie, ce qui conduira à entourer de gardes l’ostensoir, ou autre solution : élever le tout sur des chars…

Au Pays basque
Chaque année, plusieurs villages de Basse Navarre et du Labourd organisent la fête de Besta Berri, « Fête Nouvelle » premiers mots de la Bulle d’Urbain IV.

L’organisation est à peu près la même partout.

Les acteurs entrent dans l’église pour la messe du matin en dansant (trois pas en avant, deux en arrière). Dès la fin de la messe, les acteurs de « Besta Berri » et tous les fidèles vont en procession d’un reposoir à l’autre à travers le village.

Procession
En tête, la croix, les servants, les fidèles des galeries, les deux coqs, le suisse, les lanciers, les drapeaux, les makilaris, la Batterie fanfare, les danseurs, la tamborada, les enfants avec pétales de roses, les servants avec encens, le dais avec le St Sacrement entouré des sapeurs, le maire et son conseil, les officiels, la chorale, les fidèles …

Les coqs en tête de la procession, annoncent le Soleil (ostensoir), le Christ marchant sur nos chemins.

Les lanciers porteurs d’une hache, symbole de force, 

 La présence des soldats et des sapeurs a sans doute été empruntée à la loi édictée par Napoléon.  « Lorsque le Saint Sacrement passera à la vue d’un poste, les tambours battront aux champs… les officiers salueront de l’épée… le drapeau saluera et l’artillerie fera trois salves. »

 Tout dans cette procession (décoration, costumes, symboles…) voudrait signifier que les « grands » et les « petits » sont invités à beaucoup d’humilité, puisqu’à « égalité » devant le Seigneur.

Aujourd’hui
En posant une question taquine à un jeune ingénieur venu de loin juste pour cette fête –   pourquoi tiens-tu ainsi à te « déguiser » en soldat pour cette fête ?- Réponse : « Il y a quelques années, pendant le « remembrement des terres » de mon village, des gens ont failli s’entretuer pour des histoires de terres. Aujourd’hui encore ces mésententes durent encore. Mais la Fête-Dieu est le seul jour où on oublie tout cela ; tous les jeunes du village sont présents, acteurs de cette procession. Voilà pourquoi, je viendrai même de très loin pour vivre cette fête avec une immense joie. Je suis chrétien et je me sens invité par mon Dieu à revoir tous mes amis ».

Transmission
« Besta Berri » en Pays Basque n’est pas un folklore. Des fidèles et même des prêtres se posent la question de savoir quel est le lien de foi en l’Eucharistie de cette jeunesse.

L’apparence ne révèle pas la vie intérieure, n’est-ce pas ? Excepté Dieu, personne ne peut s’arroger le droit d’entrer dans le jardin secret de quiconque.

Il reste que nous sommes témoins de cette mobilisation des jeunes, de leur sérieux et du silence vécu, témoins d’un village rassemblé, uni par le chant, la musique, la prière, la joie … Que c’est beau !

La tradition n’est pas la reprise fidèle du passé. Elle aide à vivre dans la modernité de ce monde, afin de transmettre le relais aux nouvelles générations. « Comment savoir où l’on va, si nous ne savons plus d’où l’on vient ».

La liturgie n’est pas tant dans ce que nous comprenons, mais elle est davantage un mystère de l’action de l’Esprit Saint qui seul fait naître la foi dans la confiance en ce Dieu fait homme pour notre salut.

Abbé Jean Eliçagaray
Article paru dans Notre Eglise n°170 – juin 2025

Ecouter l’entretien sur la Fête-Dieu au Pays Basque avec l’abbé Philippe Beitia, responsable du Service diocésain de Pastorale liturgique et sacramentelle :

Extrait de la séquence (facultative) de l’office de la Fête-Dieu :